Les motards dans le flow
Les motards sont l’un des groupes d’usagers de la route les plus exposés en matière de fréquence et de gravité des accidents. L’opinion publique les perçoit souvent comme des conducteurs particulièrement rapides et parfois agressifs. Dans quelle mesure des résultats de recherches objectifs confirment-ils ce préjugé??
Selon l’étude menée par Rowden, P. et al. (2016), l’agressivité doit être considérée comme faisant partie du quotidien, donc de la circulation routière. Du point de vue juridique et psychologique, les caractéristiques suivantes sont typiques pour des actes agressifs : actes vifs, violation de la loi, mise en danger, menaces de dommages ou dommages effectifs causés à des personnes ou à des objets. Les définitions psychologiques incluent la motivation, donc l’intention et la volonté de faire subir des dommages à une autre personne, dans la définition principale de cette notion. Tout le monde s’accorde à considérer que « tout comportement anormal et dangereux » est une agression.
Une série d’études a permis d’établir un lien entre des traits de personnalité comme la colère, l’anxiété, la recherche de sensations et le narcissisme et un comportement agressif. On constate régulièrement que les comportements de conduite agressifs sont surtout le fait de conducteurs masculins. Outre les traits de caractère permanents d’une personne, des facteurs dits contextuels, par exemple des embouteillages ou certaines cognitions telles que la certitude de rester anonyme, peuvent également avoir une influence sur un comportement agressif. Ici cependant, les résultats ne sont pas encore tout à fait clairs.
Dans le cadre de l’étude de Rowden déjà mentionnée, les différents niveaux d’agressivité possibles en fonction des moyens de transport utilisés – ici la moto par rapport à la voiture – ont également été examinés. Les auteurs partent du principe que le niveau d’agressivité des motards est plus faible que celui des automobilistes. Cette hypothèse résulte de la supposition que les motos sont plus vulnérables, donc que les motards sont moins protégés. Cette supposition a effectivement été conrmée. Les automobilistes ont plus souvent déclaré développer des sentiments d’agressivité et les exprimer. Ces différences s’expliquent par le fait que les motards conduisent de façon plus défensive parce qu’ils sont plus vulnérables et que l’agressivité sur la route est dépendante du contexte. Les variables de prédiction liées à la psychologie de la personnalité concernant les comportements agressifs sont semblables dans les deux groupes : il s’agit de la recherche prononcée, différente d’un individu à l’autre, de sensations fortes et de manœuvres risquées, que les automobilistes expriment cependant plus que les motards.
L’AGRESSION SUR LA ROUTE EST UN MAUVAIS « COMPAGNON ».
Une étude de Rheinberg, F. (1994) a examiné l’influence de la perception du « flow » (flux) sur l’auto-évaluation de la conduite de motos. Le « flow » décrit le fait de se perdre totalement dans une activité et d’oublier le temps. Cet état est ressenti comme très agréable et permet d’obtenir de bons résultats en matière de comportement grâce à un niveau d’activation optimal. Pourtant, c’est problématique lors de la conduite d’une moto. Pendant le flow, le contrôle conscient et la réflexion des activités diminuent, suite à quoi des objectifs inconscients peuvent orienter les modèles d’action dans des directions non voulues. La cognition consciente et l’intention de rouler en toute sécurité ne sont plus directement déterminantes pour la commande et le contrôle du véhicule – cette intention est donc de plus en plus perdue de vue à mesure que l’on s’enfonce dans le flow. La manière de conduire devient plus risquée qu’il ne le faudrait. Pour maintenir le flow, un certain niveau de concentration et d’activation est nécessaire. Par conséquent, on roule de façon plus risquée et plus vite que lorsque l’on n’est pas dans cet état. Bien que, sur le plan fonctionnel, le « fonctionnement » du conducteur soit optimal dans cet état, c’est loin d’être le cas de sa conduite. Presque tous les motards interrogés ont indiqué avoir déjà vécu un flow, mais très peu d’entre eux se sont aperçus qu’il peut également avoir des conséquences négatives.
On peut supposer que la capacité de réflexion pendant la conduite dans le flow est limitée. La sensation de flow est souvent liée à un excès de vitesse et ne s’atténue que lorsque la personne concernée est fortement distraite, par exemple en cas de surprise ou de peur. Sur la route, cela se traduit souvent par des accidents évités de justesse, ce qui peut entraîner en particulier des situations critiques pour les motards d’un certain âge, dont le temps de réaction est en moyenne plus long que celui des plus jeunes. Étant donné qu’aujourd’hui la plupart des motards ont plus de 40 ans, la recherche fréquente du flow dans ce domaine peut représenter un danger non seulement pour eux, mais également pour les autres usagers de la route. C’est justement dans cette tranche d’âge que de nombreux motards roulent pour le plaisir, reprennent la pratique de la moto après une interruption prolongée ou la découvrent et ont les moyens d’acheter des machines puissantes. Le groupe des motards d’un certain âge est donc particulièrement susceptible d’avoir des accidents graves.
DES FORMATIONS ET DES FORMATIONS CONTINUES DE QUALITÉ POUR LES MOTARDS SONT INDISPENSABLES
Indépendamment de toute mesure destinée à augmenter la sécurité sur la route, aussi efficace soitelle, un style de conduite défensif et anticipatif est la meilleure stratégie de sécurité. Cela permet d’éviter non seulement les collisions avec d’autres véhicules, mais encore de nombreux accidents n’impliquant pas d’autres usagers. Chaque motard pose lui-même le fondement d’une conscience adéquate des risques avec une formation de conduite de qualité.
L’accent est en particulier mis sur un rapport adéquat entre le complexe de « capacité » (formation théorique et pratique à la conduite) et les conditions physiques et intellectuelles à remplir, les aspects médicaux (acuité visuelle, sens de l’équilibre, problèmes de santé généraux, maladies) et psychologiques (performances psychofonctionnelles, attention, capacités de réaction, concentration, capacités de coordination) devant être pris en compte.
IL FAUT ÉGALEMENT S’ENTRAÎNER À UTILISER UN PÉDÉLEC.
l faut surtout veiller à ce que la formation ait lieu sur des machines adaptées à la pratique avec une puissance semblable à celle de la moto que le débutant conduira plus tard. Ceux qui souhaitent conduire plus tard des machines plus puissantes devraient suivre une formation continue et présenter une attestation de compétence correspondante. Une attention particulière doit être accordée à une formation du futur motard lui apprenant à garantir sa visibilité (éclairage, vêtements colorés ou rétroréfléchissants, distances de sécurité, prise en compte des angles morts). Et porter tous les vêtements de protection et un casque homologué même lors de trajets très courts devrait aller de soi.
La participation à un stage de conduite de sécurité au début de la saison est recommandée aux débutants comme aux motards expérimentés. Les motards devraient également s’exercer à freiner – même si la moto est équipée d’un système antiblocage (ABS). Car dans des situations d’urgence, même des motards chevronnés ne réussissent souvent pas à maîtriser la puissance de freinage de manière optimale.